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L'explosion des centres commerciaux



Une annonce publicitaire de 1966 montrant l'ouverture du premier centre commercial couvert et climatisé de la région de Chicago, le Dixie Square Mall. (1)


Dès la fin de la seconde guerre mondiale, un des aspects qui va colorer l'entière période de la guerre froide est l'un des icônes les plus connus du monde capitalisme: l'explosion des centres commerciaux dans le bloc de l'Ouest. Soumise à des restrictions sévères et éprouvant souvent des problèmes de pénuries en raison de problèmes reliés à l'économie planifiée, la population communiste va être énormément allechée par l'embarras du choix de produits et services que les Occidentaux profitent quotidiennement et celà va faire partie de frustrations qui vont exploser à la chute du mur de Berlin. Une des meilleures façons de comprendre le phénomène est d'analyser l'exemple du succès des restaurants McDonald's à Moscou s'explique par la nouveauté du menu nord-américain certes, mais surtout par l'assurance de pouvoir toujours obtenir immédiatement ce qu'on commande à la caisse.

On considère que le premier centre commercial américain complètement couvert et climatisé à ouvrir ses portes est le Southdale Center situé à Edina, en banlieue de Minneapolis, au Minnesota. Les premiers clients peuvent le fréquenter dès le 8 octobre 1956 après deux ans de construction. Parmi les 72 locataires d'origine (maintenant 130) répartis sur quatre étages, on y trouve de tout des petites boutiques spécialisées aux magasins à rayons en passant par une épicerie, un bureau de poste et un petit zoo. Il est la conception de l'architecte d'origine autrichienne Victor Gruen. Malgré qu'il a contribué à la création d'une partie du rêve américain, l'architecte Gruen était de conviction plutôt socialiste. Sa vision était de créer un point de rencontre qui pouvait être le centre socio-culturel manquant de ces villes-champignons, mais il avait surtout la volonté d'amener un centre-ville entier d'une ville-centre revu et corrigé à votre porte.

Dans l'esprit de l'architecte, les nouvelles banlieues manquaient nettement de planification ou de vision dans leur urbanisme. Selon lui, les artères de banlieue n'étaient que l'alternance de vulgarités: stations-services, motels, restaurants, stationnements et autres panneaux publicitaires. Ses plans prévoyaient que le centre commercial fasse parti d'un développement urbain possèdant tous les services (écoles, hôpitaux, maisons, etc...) d'une ville-centre dans son voisinage, mais le résultat sera typique de la presque-totalité des centres commerciaux d'aujourd'hui: un gros édifice commercial seul au milieu d'un océan de stationnements, car le voisinage souhaité par l'architecte ne vera jamais le jour. Il est intéressant de noter que la firme à l'origine du Southdale Center est la Dayton Company, également propriétaire de l'ancêtre des grands magasins à rayons Target (une des cinq plus grandes chaines de magasins aux États-Unis).

Les centres commerciaux vont se multiplier non seulement grâce à la demande des consommateurs et à l'opposition des grands magasins des centre-villes de voir de nouveaux concurrents s'installer près d'eux, mais également en raison de leur rentabilité. Le fait qu'ils soient construits en banlieue font que les terrains achetés sont moins coûteux que de bâtir dans les centre-villes. Également, la loi fiscale américaine avantagent les promoteurs, grâce à un trou ou une zone grise dans cette loi. Dans les années 1950, l'impôt considère que les investissements commerciaux, tel l'immobilier ou la machinerie industrielle, dévaluent avec le temps et l'usure. Ainsi, on détermine que les centres commerciaux peuvent perdre 1/40e de leur valeur chaque année, puisque la durée de vie moyenne estimée à cette époque pour un édifice est de 40 ans. Ainsi, la perte de valeur est déductible d'impôts, puisqu'il s'agit d'une perte financière. Les profits des promoteurs immobiliers seront distribués sous forme de retour sur capital (non-imposables) avant la déclaration des pertes fiscales. Ainsi, les promoteurs ne payeront pas d'impôts, puisque sur papier, ils sont dans le rouge. Leurs investissements réels seront récupérés en quelques années seulement grâce à cette tactique qui sera la principale utilisée. Ca sera si rentable qu'à un point, la méthode était plus payante que d'investir à la bourse.

Au Canada, le Norgate Shopping Centre, qui est situé dans l'ancienne banlieue montréalaise de Ville St-Laurent, est perçu comme le premier centre commercial du pays quand il ouvre ses portes en 1949. Toutefois, le fait de circuler sur des trottoirs extérieurs plutôt qu'un mail intérieur (concept repris par les "strip malls (photo)" et "power centres (photo)" des dernières années) fait qu'il est souvent ignoré de l'histoire moderne de ces lieux-phares du mode de vie typique des nouvelles banlieues émergeants des campagnes traditionnelles grâce à l'usage accru de l'automobile.

Lors des deux dernières décennies, certains centres commerciaux ont pris des tailles gigantesques. Parmi ceux-ci, on peut penser au Mall of America, situé directement au sud de l'aéroport de Minneapolis-St.Paul, à Bloomington, ou au West Edmonton Mall, situé dans la capitale albertaine. Ils sont d'une telle envergure que ce dernier possède le record du plus grand nombre de places de stationnement au monde.

Liens:

Department Store - Wikipedia
Mall of America (site officiel)
Mall of America - Wikipedia
Norgate Shopping Centre - Wikipedia
Shopping Mall - Wikipedia
Southdale Center (site officiel)
Southdale Center - Wikipedia
The New Yorker (article sur Victor Gruen et le Southdale Center)
Victor Gruen - Wikipedia
West Edmonton Mall (site officiel)
West Edmonton Mall - Wikipedia

Sources:


(1) Barraclou.com - Dixie Square Mall, Harvey,IL, http://www.barraclou.com/memorial/dixie/index.html, (Page consultée le 9 août 2006)


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